INTRODUCTION
Le Coronavirus COVID-19 a surpris le monde entier par la rapidité et l’ampleur de sa propagation et ses conséquences multidimensionnelles et multisectorielles.A l’instar de plusieurs pays, le Sénégal a été touché. Depuis l’apparition du premier cas déclaré le 02 Mars2020, l’Etat du Sénégal a pris plusieurs mesures budgétaires, économiques, sanitaires, sociales et politiques pour faire face à cette pandémie.L’installation de l’état d’urgence et du couvre-feu, les limitations de déplacements,l’interdiction des rassemblements et la fermeture de bon nombre des marchés sont parmi les mesures prises pour faire face à cette pandémie qui n’épargne aucun secteur ni aucune couche de la population.Enda Pronat,qui travaille sur la transition agroécologique et la gestion durable des ressources naturelles avec les populations rurales,suit et vit avec les bénéficiaires les conséquences de Covid -19.
I –ETAT DES LIEUX
Quelle que soit la zone d’intervention (Vallée du Fleuve Sénégal, Niayes Sud, Bassin arachidier et Tambacounda), la situation vécue par les communautés rurales reste sensiblement identique.
11 -Situation par rapport à la mise en œuvre des activités de projet d’Enda Pronat
Enda Pronat travaillant avec des populations rurales, la période actuelle de pandémie de Covid 19 (mars à mai) coïncide avec une phase intensive d’activités non agricoles sur le terrain.Dans la plupart des zones, les populations ont plus de temps libre et sont facilement mobilisables pour la mise en œuvre des activités participatives. Vu sous cet angle, nous notons plusieurs inconforts :
- le report de plusieurs activités structurantes et participatives relatives à la redynamisation des cadres locaux de gestion des ressources naturelles (GRN) à Koussanar (formations sur le foncier, renforcement et accompagnement de comités villageois paritaires de GRN, renforcement des caisses villageoises, etc.) ;
- les difficultés dans le suivi des activités,notamment la restriction de l’appui-conseil auprès des producteurs et productrices et du suivi rapproché effectué au niveau des caisses locales autogérées pour recouvrer les crédits de semences et de matériel agricole et prendre en charge les expressions de besoins pour la campagne d’hivernage à venir ;
- Un service minimum est cependant assuré avec les collègues des équipes locales présentes dans les zones d’intervention qui parviennent à accompagner les producteurs et productrices individuellement autant que possible, et avec l’utilisation accrue du téléphone pour les acteurs à la base et l’équipe de coordination qui démarche pour obtenir des autorisations de circuler.
12-Situation sur le terrain
L’état des lieux de la situation sur le terrain nous permet d’analyser les aspects sanitaires,mais aussi la façon dont la pandémie affecte les activités des bénéficiaires et les ressources.
Situation socio-sanitaire dans les zones d’intervention
Nos zones d’intervention sont encore peu touchées par la maladie en terme de contamination1, cependant, il faut poursuivre la vigilance avec les mesures barrières.Des comités locaux de lutte contre le Covid19 sont mis en place et travaillent entre autre à l’identification des bénéficiaires et à la distribution des appuis apportés par l’Etat pour faire face au Covid 19.
Situation sur les activités économiques.
En milieu rural, les populations ont plusieurs activités,toutes impactées de manière plus ou moins grave :
- les difficultés de commercialisation des récoltes sont liées à la fermeture des loumas et marchés (espaces de service, de vente de produits ruraux et d’approvisionnement), à la réduction de la vente «bord champ» et du commerce de détaille long des axes routiers fait par les femmes revendeuses,et à la fermeture de restaurants et d’hôtels.
- les perturbations dans les transports ont touché les transporteurs de nos zones avec les bus de transport interurbains reliant des localités du pays à la capitale.
- Les difficultés sur l’élevage: avec la fermeture des frontières, des loumas, le couvre-feu et l’interdiction des cérémonies,des problèmes sont notés par rapport à la transhumance(déplacement et méfiance envers les éleveurs vus comme des étrangers pouvant contaminer), aux pâturages et à l’alimentation (accès à l’eau et à l’alimentation) du bétail, à l’approvisionnement en animaux sur pied, en viande et lait des unités de transformations et des centres urbains; ce qui constitue également un énorme manque à gagner pour les éleveurs en terme de revenus tirés de leurs activités.
Situation sur les flux migratoires
La saison sèche est une période d’exode pour les jeunes à la recherche d’emplois vers les villes dans le secteur informel et comme ouvriers agricoles dans les zones de culture irriguée. Les revenus obtenus permettent de prendre en charge plusieurs besoins de la famille,d’acheter des intrants pour la campagne agricole et de rendre la période de soudure moins dure.Certains jeunes qui avaient quitté leur village après la saison des pluies sont bloqués dans les villes et avec les mesures mises en place par l’Etat, ils se trouvent dans une situation très précaire, surtout que le secteur informel est aussi durement touché par la crise. L’indisponibilité en main-d’œuvre agricole lors des périodes de récolte d’oignon prolonge la durée de récoltes dans les champs,entrainant ainsi une augmentation des charges d’exploitations et exposant les produits aux attaques et à la pourriture.
Situation sur les ressources naturelles
L’exploitation du charbon de bois procure des revenus aux exploitants et aux femmes qui ramassent les restes au niveau des sites de combustion après exploitation par le propriétaire et les commercialisent ou les utilisent pour leurs besoins en combustibles au niveau des foyers. Avec la fermeture des marchés et la diminution des revenus, on constate une forte pression sur les ressources naturelles de la part des communautés,avec notamment la coupe des arbres pour le bois de chauffe de la part des femmes et le trafic de bois par les hommes. En réalité aucune couche de la société n’est épargnée par les conséquences économiques de la pandémie: les producteurs et productrices, les commerçant.e.s, les exploitants forestiers, les transporteurs, les femmes et les jeunes.Cependant,les communautés s’organisent de mieux en mieux pour s’adapter à la nouvelle situation et faire face aux effets et conséquences du Covid19.