(Lundi 19 novembre 2018, New York) La Troisième Commission (questions sociales, humanitaires et culturelles) de l’Assemblée générale des Nations unies a voté en faveur d’une Déclaration des Nations unies sur les droits des paysans et autres personnes travaillant dans les zones rurales, via la Résolution A/C.3/73/L.30. La résolution a été approuvée par 119 voix pour, 7 voix contre et 49 abstentions. C’est un immense pas en avant pour une campagne menée par La Via Campesina – le plus grand mouvement paysan mondial – et soutenue par de nombreuses organisations autour du globe, dont FIAN et le CETIM. La Déclaration des Nations unies vise à mieux protéger les droits de toutes les populations rurales, comme les paysans, les pêcheurs, les personnes transhumantes et nomades, les ouvriers agricoles et les peuples autochtones et à améliorer leurs conditions de vie tout en renforçant la souveraineté alimentaire, la lutte contre les changements climatiques et la conservation de la biodiversité. L’approbation de cette Déclaration est également une importante contribution à l’effort de la communauté internationale pour promouvoir l’agriculture familiale et paysanne. La Bolivie, qui présidait le processus, a insisté sur l’importance d’une telle déclaration pour parvenir à des sociétés humaines plus résilientes, durables et inclusives: « Nous pensons qu’il s’agit d’un pas important vers des politiques publiques qui reconnaissent non seulement les droits et les besoins des paysans, mais aussi leur contribution au bien-être et à la qualité de vie des sociétés qu’ils nourrissent quotidiennement par leur travail. Nous sommes convaincus que cet instrument jouera un rôle central dans le domaine des droits de la personne ainsi que dans l’éradication de la faim et de la pauvreté, conformément à l’Agenda 2030 pour le développement durable et à la Décennie pour l’agriculture familiale, sans laisser personne derrière. » Depuis son adoption par le Conseil des droits de l’homme à Genève fin septembre, La Via Campesina et ses alliés ont redoublé d’efforts pour que cette Déclaration des Nations unies soit adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies. Les déléguées et délégués de La Via Campesina présents à New York depuis le début de la session de la Troisième Commission ont exprimé leur joie à l’issue du vote.« L’assemblée est une victoire stratégique, non seulement pour les paysans mais aussi pour les peuples du monde entier. Nous allons continuer sur ce long chemin de lutte et d’unité, pour les droits et la justice sociale, convaincus que la pleine démocratie n’est possible que par la réforme agraire, la fonction sociale de la terre et la pleine jouissance des droits des paysans » a affirmé Diego Monton de La Via Campesina Amérique latine. L’approbation de la déclaration par la Commission a été ponctuée de quelques débats mais a bénéficié du soutien conséquent des régions de l’Afrique, de l’Asie et de l’Amérique latine. Quelques réactions négatives sont survenues de la part de l’Europe et autre régions, avec la délégation des USA rejetant le texte en raison de préoccupations de longue date au sujet de la Déclaration, qui chercherait à étendre des droits existants, en distinguant les droits humains des paysans de ceux d’autres groupes, ainsi que concernant les droits collectifs stipulés dans le contenu. Les pays européens se sont également montrés divisés dans leur réponse. « Au sein de la Troisième Commission, à laquelle participent tous les pays de l’ONU, nous avons assisté à une grande diversité de positions de l’Europe orientale et occidentale. Nous remercions vivement ceux qui nous ont soutenus. Vos votes en faveur de la déclaration mettent des valeurs humaines dans les droits de l’homme et donnent de l’espoir à des millions de paysans, hommes et femmes, à travers le continent. A ceux qui se sont abstenus ou ont voté contre, nous tenons à vous dire que les paysans et les petites familles paysannes de vos pays ne peuvent être laissés pour compte », a rappelé Ramona Duminicioiu de la Coordination Européenne de La Via Campesina.
Zainal Arifin Fuat, de La Via Campesina Asie a dit de cette déclaration qu’elle marquait un tournant historique dans l’histoire des luttes paysannes.
« La Déclaration reconnaît le rôle de premier plan que jouent les paysans dans la résolution des multiples crises auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui – alimentaires, environnementales, sociales et économiques. Les paysans ont un rôle essentiel pour la sécurité et la souveraineté alimentaires et pour la réalisation du droit à l’alimentation, en particulier dans les pays en développement, où ils fournissent jusqu’à 80% de la nourriture consommée localement. Cette Déclaration des Nations unies contribuera également aux efforts de l’humanité pour mettre fin à la pauvreté, à la faim et pour atteindre nos objectifs de développement durable. En Asie, nous pensons que si nos droits sont reconnus et mieux protégés, les populations pourront développer les zones rurales et éviter l’exode rural, cause de problèmes insolubles » a-t-il ajouté.
« La ruée sur les ressources qui se poursuit sur le continent africain comme ailleurs a mis les paysans dans une position d’extrême vulnérabilité. L’attaque en cours contre les systèmes semenciers paysans a des répercussions bien au-delà de ceux qui produisent la nourriture. Elle touche tout le monde. Depuis 17 ans, nous faisons patiemment campagne pour un instrument international qui puisse protéger nos droits en tant que paysans et empêcher que nos systèmes alimentaires ne soient démantelés au profit d’une poignée d’individus. C’est un moment de fierté aujourd’hui pour les millions de paysans du monde entier, qui n’abandonnent jamais face à l’adversité. » a affirmé Elizabeth Mpofu, coordinatrice générale de La Via Campesina.
« La force du mouvement paysan se fait sentir au plus haut niveau de la gouvernance internationale: pour cela, nous devons rendre compte du travail acharné et de la passion de tant de paysans du monde entier. La solidarité des paysans, à l’échelle internationale, témoigne du lien étroit qui nous unit et lie nos enjeux, peu importe où nous vivons. Cependant, aujourd’hui n’est qu’une étape sur le long chemin de la justice en matière de droits humains pour les populations rurales. Nous devons poursuivre sur cette lancée et mettre la déclaration en action à tous les niveaux de la société. » a déclaré Jessie MacInnis, La Via Campesina Amérique du Nord.La Déclaration des Nations unies sera formellement ratifiée par l’Assemblée générale des Nations unies en décembre 2019, à la suite de la décision prise par la Troisième Commission cette après-midi.
Une note d’information sur la Déclaration des Nations unies peut être téléchargée ici.
Le texte complet de la Résolution et de la Déclaration est disponible ici.
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