Diouroup : les communautés paysannes planchent sur les bonnes pratiques de stockage et conservation des semences

Fin novembre, des producteurs et productrices de Diouroup (Fatick) se sont rassemblés pour échanger sur les techniques de stockage permettant de conserver la qualité de leurs semences (céréales et légumineuses).

Dans le bassin arachidier, la conservation et le stockage pour des semences de qualité ressortent comme des problématiques majeures, suite aux champs écoles paysans organisés avec Enda Pronat. En effet, les semences qui y sont utilisées sont soit des semences paysannes souvent conservées avec des produits chimiques, ou des semences issues de la coopérative, ou encore des semences achetées sur le marché local. Et lors du suivi de la campagne agricole, les producteurs et productrices ont pu constater des levées espacées au niveau de certaines parcelles d’arachide et dans les rizières, dues à des surdosages ou sous-dosages qui altèrent la qualité des semences.

C’est pour trouver des solutions alternatives pouvant satisfaire le producteur dans la gestion des récoltes tout en respectant l’environnement, qu’une rencontre a été organisée récemment par Enda Pronat avec l’appui du Weltfriedensdienst (WFD), au niveau de la mairie de Diouroup avec 58 producteurs dont 28 productrices.

L’atelier a permis de sensibiliser davantage les producteurs et productrices sur les effets néfastes du stockage et de la conservation des semences avec des produits chimiques ; de renforcer leurs compétences dans les domaines du stockage et de la conservation écologiques des céréales et légumineuses, et de la gestion saine des arachides sans aflatoxine ; et de les sensibiliser et leur recommander une nouvelle fois de privilégier l’utilisation des semences paysannes.

Des connaissances ancestrales en matière de préservation des semences ont été partagées par les agents de Enda Pronat, ainsi que par les producteurs eux-mêmes.

Parmi ces pratiques, on retrouve la méthode de conservation du mil en sac, qui implique un processus méticuleux allant du battage initial à la sélection des meilleures graines, suivi de leur stockage associées à du sel, dans des sacs déposés sur un sol auparavant recouvert de cendre, et enfin de leur triage par tamisage avant les semis.

Une autre technique, la conservation en fagot, a été décrite par la productrice Amie Thiaré, qui préconise la sélection des épis les plus robustes dès la moisson, puis une fois séchés, leur suspension à un toit dans un sac bien attaché, suivi d’un processus de battage, de vannage et de tamisage avant les semis.

En ce qui concerne le stockage et la conservation de l’arachide en sac, Mamadou Coumba Guèye témoigne de l’utilisation de feuilles de neem séchées à l’ombre, et alternées avec des couches de graines d’arachide, tandis que d’autres utilisent la cendre de bouses de vache mélangée aux graines d’arachide.

Bien que certains producteurs présents ne maîtrisent pas la sélection et la conservation de leurs propres semences, d’autres parviennent à conserver des variétés de semences héritées de leurs parents avec des méthodes endogènes et écologiques. Enda Pronat encourage les producteurs expérimentés à partager leurs connaissances pour préserver les semences paysannes de qualité. Cette démarche vise à réduire les pertes post-récoltes, à faciliter l’adoption de l’agroécologie à plus grande échelle et à renforcer la souveraineté alimentaire des communautés.

Ensemble, ces pratiques ancestrales de préservation des semences démontrent que la sagesse traditionnelle et l’expertise des producteurs locaux sont des éléments précieux pour garantir la sécurité alimentaire et la durabilité agricole. En partageant ces connaissances, les communautés rurales s’engagent dans une démarche de préservation de leur patrimoine agricole, tout en ouvrant la voie à un avenir plus prometteur pour les générations futures.