ENDA PRONAT à la COP28: Un engagement fort pour l'agroécologie

Enda Pronat a pris part à la vingt-huitième conférence des parties (COP 28) sur les changements climatiques qui s’est tenue à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre 2023. Cette participation a été marquée par l’organisation d’un panel, la participation à différents side events, ainsi qu’à quelques négociations.

Pendant plus de 10 jours, 4 agents de Enda Pronat ont sillonné les différents pavillons de l’immense site qui abritait la 28e conférence des parties à la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, à Dubaï. 

Leur engagement lors de divers événements a été une opportunité clé pour plaider en faveur de l’adoption de l’agroécologie et de systèmes alimentaires territorialisés qui valorisent les connaissances locales. Ces occasions ont également été mises à profit pour promouvoir des politiques foncières inclusives, justes et équitables, en tenant compte attentivement des préoccupations exprimées par les communautés.

Le point d’orgue de la participation de Enda Pronat à la COP 28 fut l’organisation d’un panel sur les partenariats multi-acteurs pour des systèmes alimentaires durables face aux changements climatiques[1]. Modéré par M. Mamadou Fall de IED Afrique, il a rassemblé M. Boubacar DRAME conseiller technique du Ministère de l’Agriculture, de l’équipement rural et de la souveraineté alimentaire du Sénégal, M. Antoine FAYE Expert du Comité national changement climatique (COMNAC), Mme. Absa MBODJ du Secrétariat de la Dynamique pour une Transition Agroécologique au Sénégal (DyTAES), Mme Selbé FAYE de Enda Pronat et Mme Laure TALL de l’IPAR. 

Le panel a notamment permis de partager l’expérience de la DyTAES et de présenter les actions mises en place pour renforcer l’adaptation des femmes et des jeunes aux changements climatiques dans le cadre du projet Action Climatique Féministe en Afrique de l’Ouest (ACF-AO). 

Plusieurs recommandations pertinentes ont été émises par les panélistes à l’attention de la DyTAES et des décideurs. Parmi celles-ci, on note : la nécessité de faciliter la coopération intersectorielle et interinstitutionnelle, mobiliser des ressources durables, renforcer l’inclusion et l’équité dans les partenariats, investir dans la recherche et l’innovation en agroécologie, renforcer les capacités et établir des plateformes de partage de connaissances en agroécologie.  Une meilleure inclusion des jeunes et des femmes dans les politiques de lutte contre les changements climatiques est également fortement préconisée par les intervenants. Cela implique d’après eux , une participation active des femmes et des jeunes dans les instances de décision, favorisant ainsi une approche diversifiée et équilibrée pour relever les défis environnementaux actuels.

Un autre moment phare de la COP fut pour nous la présentation de la vision à long terme (LTV) sobre en carbone du Sénégal[2]. La LTV élaborée en collaboration avec 5 ambassadeurs dont 2 membres de la DyTAES (Mairie de Ndiob et Enda Pronat), et validée en Novembre 2023, est : « En 2050, un Sénégal prospère, à travers une économie intégrée, inclusive, résiliente et sobre en carbone ». 

La concrétisation de cette vision passera par 4 transitions : agroécologique, infrastructurelle, énergétique et industrielle et devra permettre l’intégration des considérations climatiques dans les processus budgétaires nationaux. Oumar BA, maire de Ndiob, Président de l’Association des maires du Sénégal, membre actif de la DyTAES et partenaire de Enda Pronat depuis des années, a présenté en tant que représentant des ambassadeurs, le processus d’élaboration de la vision et donné les perspectives pour l’agroécologie en soulignant le rôle essentiel que Pronat devrait porter dans la suite des travaux. 

La perspective pour la période 2024-2025 est la scénarisation et la modélisation des différentes trajectoires des transition qui appuieront le travail d’élaboration de la stratégie à long terme (LTS). Enda Pronat prendra part au développement de cette stratégie pour une prise en compte des enjeux agroécologiques et une participation effective des communautés dans ce processus. 

Enda Pronat a également été choisi par l’Alliance nationale « Femme et foncier » et Cicodev Africa dans le cadre du projet « Stand for her land » en partenariat avec l’ONG Landesa, pour prendre part aux différents évènements organisés sur la question du 01 au 06 novembre. Enda Pronat a ainsi pu exposer le contexte et partager son analyse sur les questions de genre et foncier dans le contexte sénégalais. Ce fut aussi une occasion de partager l’expérience des organisations de la société civile sénégalaise pour améliorer l’accès des femmes et des jeunes à la terre tout en maintenant la cohésion au sein des communautés, à travers des initiatives portées surtout par des dynamiques telles que l’Alliance nationale femme et foncier, le Cadre de Réflexion et d’Action sur le Foncier au Sénégal (CRAFS) ou encore le Réseau National des Femmes Rurales du Sénégal.

Ce séjour fut également un fort moment de réseautage, avec les retrouvailles de nombreux partenaires et de nouvelles rencontres d’acteurs de la société civile et décideurs politiques engagés pour la transition agroécologique.

Le 13 décembre, après deux semaines de négociations, près de 200 pays ont adopté à l’unanimité un accord qui mentionne pour la première fois l’objectif d’une sortie des énergies fossiles. Malheureusement les négociations sur l’agriculture n’ont pas abouti et ont été reportées au mois de juin 2024, et les modalités d’opérationnalisation du Fond pertes et dommages restent à clarifier. 

Toutefois, la Déclaration des Emirats arabes unis sur l’agriculture durable, les systèmes alimentaires résilients et l’action climatique signée par 159 Etats dont le Sénégal a été marquée par un engagement des parties à accélérer l’intégration de l’agriculture et des systèmes alimentaires dans leur action climatique et, simultanément, à intégrer l’action climatique dans leurs programmes politiques et leurs actions liées à l’agriculture et aux systèmes alimentaires. En remplissant cet engagement, d’ici 2025, ces Etats ont l’intention de renforcer leurs efforts respectifs et partagés pour poursuivre un engagement large, transparent et inclusif, selon les besoins dans leurs contextes nationaux, pour intégrer l’agriculture et les systèmes alimentaires dans les plans nationaux d’adaptation, les contributions déterminées au niveau national, les stratégies à long terme, les stratégies et plans d’action nationaux pour la biodiversité et d’autres stratégies connexes avant la convocation de la COP 30.

En outre, la participation à cette COP aura aussi motivé l’adhésion prochaine de Enda Pronat aux réseau Alliance for Food Sovereignty in Africa (AFSA) et The Agroecology Coalition. 

Après des participations aux COP Désertification et Biodiversité, c’était la première COP Climat de Enda Pronat. Une expérience pleine d’enseignements.
Alors que les projecteurs se tournent vers la suite du processus de négociation, nous resterons vigilants quant aux avancées liées à la transition agroécologique pour l’adaptation au changement climatique. Enda Pronat continue ainsi d’être une voix influente dans ces arènes cruciales et s’engage à  suivre de près les développements à venir, cherchant à comprendre comment cette expérience renforce ses actions et plaidoiries en cours en matière d’agroécologie et d’adaptation climatique en Afrique de l’Ouest et au Sénégal en particulier.

[1] Lien vers l’enregistrement du panel : https://www.facebook.com/watch/live/?ref=watch_permalink&v=1483890509127118

[2] L’élaboration de la LTV s’inscrit dans le cadre du processus de conception de la stratégie à long terme (LTS) sobre en carbone du Sénégal démarré en 2023 et porté par le Ministère de l’Environnement du Développement Durable et de la Transition Écologique (MEDDTE), le Ministère du Pétrole et de l’Énergie (MPE) et coordonné par Enda énergie.  L’article 4.19 de l’accord de Paris exhorte chaque partie à développer une stratégie à long terme sobre en carbone, qui pourra être modélisée afin de chiffrer les prérequis pour arriver à des systèmes de transition justes.