Dans le cadre du processus multi-acteurs pour une transition agroécologique le groupe « Dynamique sur la Transition Agroécologique au Sénégal » (DYTAES), dont Enda Pronat est membre actif, a lancé en août une série de sept ateliers zonaux pour consulter les populations locales et recueillir leurs propositions afin d’élaborer une stratégie d’accompagnement de l’Etat dans le processus de la transition agroécologique au Sénégal annoncé par le Président. En effet, cette initiative multi-acteurs, composée par des instituts de recherche, des acteurs de la société civile, d’organisations paysannes et les services techniques a été lancée dans un contexte où le Président de la République, dans son programme quinquennal, a fait de la transition agro-écologique l’un des axes principaux du développement du Sénégal, « pour sécuriser l’alimentation des générations futures ».
La naissance de la DYTAES
Depuis lors, dans un souci de soutenir le gouvernement dans son ambition et consciente que la Transition Agroécologique est un projet de société qui nécessite la mise en synergie de tous les acteurs, Enda Pronat a initié une étude sur le partenariat multi-acteurs allant dans ce sens. Lors de l’atelier de restitution de l’étude, organisé à l’hôtel Good Rade le 8 mai dernier, les échanges entre les 80 participants issus de la société civile, de la recherche et de la formation ont confirmé le besoin d’harmonisation entre les différents cadres de l’agroécologie existants et plus particulièrement, la nécessité de mettre en place un groupe de travail pour appuyer politiquement ou sur le plan de la recherche la transition agroécologique (TAE) au Sénégal. C’est ainsi qu’est née, le 24 mai 2019, la DYTAES qui a pris l’engagement de conduire un processus de co-construction d’un document de contribution aux politiques nationales sur la TAE en partant des préoccupations de la base. Pour répondre aux défis actuels, il est crucial de mener des réflexions profondes avec les populations sur des modèles de production beaucoup plus durables qui visent une souveraineté alimentaire, la santé des êtres vivants, la création des richesses, la création d’emploi et la protection de l’environnement. C’est dans ce sens que les sept ateliers zonaux sont organisés en couvrant les différentes zones agroécologiques du Sénégal, en l’occurrence les Niayes, le bassin arachidier, la zone sylvo-pastorale, la vallée du fleuve Sénégal, le Sénégal oriental, la Casamance et la zone de Dakar.
Atelier de consultation dans la zone des Niayes
Le premier atelier de cette série s’est tenu les 5 et 6 août dans la zone des Niayes, plus précisément dans les communes de Keur Moussa, Diender et de Cayar (département de Thiès). Ces zones subissent aujourd’hui de plein fouet les effets des changements climatiques, des actions anthropiques et de politiques de développement peu soucieuses de l’environnement. Les ressources naturelles se dégradent et se raréfient de plus en plus, menaçant ainsi la satisfaction des besoins alimentaires des populations, en quantité et en qualité. Lors de la première journée des visites de terrain et des entretiens ont été effectués à Landou et à Diender pour échanger avec les populations locales. En plus, des restitutions et des séances de discussion ont été tenues, suite à des travaux de groupe, en présence des autorités locales et des services techniques.
Consultation locale à Kédougou
Après l’atelier dans les Niayes, la DYTAES a organisé le deuxième atelier dans la zone de Kédougou les 30 et 31 août en suivant la même méthodologie. La zone de Kédougou est confrontée au problème de la gestion intégrée des ressources en eau, des effets des changements climatiques, de la régénération de la végétation naturelle et d’autres défis de développement tel que l’exploitation minière. Lors de la première journée, l’équipe d’animation a visité deux villages, Bakho et Madina Kenioto, et a mené des discussions avec les chefs de villages, les groupements des femmes et d’autres acteurs locaux sur les questions liées à la production agricole et au changement climatique. Plusieurs problèmes ont été relevés par les communautés, notamment la divagation des animaux, l’accès au foncier et à l’eau. Lors de l’atelier de restitution organisé le lendemain, les résultats des visites de terrain ont été partagés avec les autorités locales et les différents acteurs intervenant dans la zone.
« Il est important d’accompagner les communautés dans la mise en place d’un système de gestion de leurs ressources naturelles. » – Mamadou Sow, Agronome à Enda Pronat
Parmi les recommandations qui ont été élaborées lors de deux premiers ateliers, on peut citer les suivantes :
- Faciliter l’accès à l’eau pour la consommation et la production agricole ;
- Améliorer la gouvernance des ressources naturelles, notamment le foncier, l’eau et les ressources minières ;
- Mettre en place des systèmes d’accès aux matières organiques ;
- Mettre en place des mécanismes de financement adaptés à la situation des producteurs agroécologiques et élargir les interventions à l’ensemble des services techniques de l’Etat ;
- Prendre des mesures pour faciliter la co-existence entre agriculteurs et éleveurs ;
- Mener des études d’impact social et environnemental ;
- Etablir des systèmes d’information sur les marchés ;
- Identifier l’ensemble des acteurs du secteur ;
- Favoriser la planification et la diversification des cultures ;
- Renforcer les dynamismes multi-acteurs ;