Au Sénégal, plus de 80% des semences utilisées par les communautés paysannes proviennent d’espèces et de variétés traditionnelles. Ce chiffre montre bien que la souveraineté alimentaire des communautés dépend fortement de l’accès aux semences et du droit de les sélectionner, conserver, utiliser et échanger librement selon les pratiques locales des communautés. Mais ces systèmes semenciers paysans sont de plus en plus menacés, car les gouvernements, les grandes entreprises multinationales et certains instituts de recherche ont commencé à promouvoir activement des semences commerciales et des droits de propriété intellectuelle. C’est pour cela qu’il est primordial de trouver des voies pour que les communautés aient une souveraineté semencière afin de rompre toute dépendance des paysans dans l’acquisition de semences non reproductibles et de garantir la diversité de leurs systèmes alimentaires. Face à ces dynamiques, la société civile et les organisations paysannes se sont mobilisées pour partager des informations sur le Traité International sur les Ressources Phytogénétiques pour l’Alimentation et l’Agriculture (TIRPAA)[1] et l’opportunité qu’il offre aux paysans d’assurer leur autonomie en matière de semences. C’est dans ce contexte que la Fédération And Liggey Niombato de Toubakouta (FALN) et le CNCR, avec l’appui de l’Église Luthérienne du Sénégal (ELS) et de Solidagro, ont organisé l’atelier « Carrément pour les Semences Paysannes » qui s’est tenu à Toubakouta le 12 décembre 2018 sous la présidence du Sous-Préfet et de la première adjointe du Maire. Cette activité s’inscrivant aussi dans le cadre du plan d’action de la société civile engagée pour la promotion des semences paysannes, a vu la participation d’autres organisations telles que l’Association Sénégalaise des Producteurs de Semences Paysannes (ASPSP), Nous Sommes la Solution (NSS), Jardin d’Afrique, Fahamu, Enda Pronat et l’Alliance pour la Souveraineté Alimentaire en Afrique (AFSA). L’objectif était de constituer un espace pour partager le contenu du TIRPAA avec les paysans, les autorités, les partenaires au développement et les mouvements sociaux, et de les sensibiliser autour des enjeux liés à la commercialisation des semences. Actuellement, la loi de 2009 sur la biosécurité, révisée en 2018, ne défend pas les semences paysannes, raison pour laquelle l’implémentation d’un traité international comme le TIRPAA, méconnu par les parlementaires, est devenue encore plus urgente au niveau national. Dans ce contexte le Directeur de l’Agriculture, Oumar Sané, point focal du TIRPAA au Sénégal, a néanmoins confirmé sa volonté de travailler avec la société civile.