Une conférence de trois jours sur « Les systèmes alimentaires africains et les ODD[1] » a été organisée 03 novembre au 05 2018 au Sénégal, par l’Alliance pour la souveraineté alimentaire en Afrique (AFSA)[2], en collaboration avec ses membres nationaux et l’Initiative pour l’Agriculture Ecologique et Biologique (I-AEB / EOA-I)[3], AfrONet[4],et IFOAM International[5]. Cet événement a rassemblé une grande diversité d’acteurs – agriculteurs, pêcheurs, associations de consommateurs, médias, gouvernements et ONG – pour réfléchir sur la promotion de « la complexité, la diversité et la valeur nutritionnelle des systèmes alimentaires africains et lancer un plan d’action et une déclaration de changement pour de meilleurs systèmes alimentaires à l’intention du grand public et des organes décisionnels »[6]. Les discussions, facilitées par des moyens artistiques (très peu de projection de document), ont tourné autour de 5 grands thèmes :
- Les systèmes alimentaires urbains ;
- Systèmes alimentaires et changement climatique ;
- Apporter un changement de politique sur les systèmes alimentaires ;
- L’avenir des systèmes alimentaires dans un monde de plus en plus complexe ;
- Protéger les systèmes alimentaires africains.
Pendant le discours d’ouverture, Mme Mariama Sonko, la Présidente du mouvement international « Nous sommes la solution », regroupant 800 associations de femmes rurales dans sept pays d’Afrique de l’Ouest, a insisté sur le fait que les paysans ont besoin d’avoir un accès libre aux semences, à l’eau, à la terre, au matériel agricole et aux financements. Elle a souligné l‘importance d’augmenter la quantité de produits régionaux sur les marchés, et de mieux approvisionner les petites boutiques dans les villages. Dans ce contexte elle a proposé la création de « boutiques communautaires« . Selon elle, pour promouvoir l’agriculture familiale, il faut améliorer les moyens de communication, l’éducation, le transport et le marketing des produits. Au cours de la deuxième journée de la conférence, Mme Heila Lotz-Sisitka de l’Université Rhodes en Afrique du Sud et coéditrice du journal « Learning, Culture and Social Interaction », a parlé de l’importance d’une transformation de la société avant tout pour aller vers l’agroécologie, la diversité et l’égalité. Pour elle, le changement climatique n’est pas une crise naturelle, mais une crise sociale. Il faut donc d’abord changer la société, c’est-à-dire les activités de la société, pour créer une base de « l’activisme collectif » et remplacer « les monocultures de notre esprit« . Selon elle, cette transformation est possible seulement à travers la mise en place d’un système éducatif qui permet aux gens d’échanger, de rencontrer d’autres personnes et d’être plus créatifs. Mr. Pat Mooney, fondateur du groupe ETC qui cumule plus de quatre décennies d’expérience dans la société civile internationale, a parlé du pouvoir des entreprises multinationales qui contrôlent de plus en plus les semences au niveau international. Depuis 2014 l’entreprise privée chinoise BGI – Global Genomics Organization (nommé Beijing Genomics Institute avant 2008), est devenue l’un des plus grands instituts de séquençage de l’ADN au niveau international avec la plus grande plateforme des variétés de semences de ce monde. Des entreprises comme John Deere, le plus grand constructeur de machines agricoles du monde, ont commencé à collecter des données sur les sols, le climat, etc. à travers les capteurs des machines vendues (= JD box) et ont contribué donc à la « robotisation des systèmes alimentaires« . Dans ce contexte la plus grande menace d’aujourd’hui selon Mooney c’est la dématérialisation des aliments, la digitalisation d’ADN/semences et de l’agriculture en général. Selon lui, les multinationales sont très bien organisées et c’est très important que la société civile unisse ses forces pour construire au sein du mouvement agroécologique un « business case » basé sur l’évidence scientifique que cette alternative est rentable, crée des emplois, produit des aliments de haute qualité, et contribue à la diversification de l’économie. Cette conférence a permis entre autres de faire la promotion des solutions agroécologiques face à la crise des systèmes alimentaires urbains et au changement climatique, et d’identifier des besoins de recherche à travers le continent africain dans toute sa diversité. Enda Pronat était membre du comité d’organisation de cette conférence internationale, et a activement participé aux 3 jours de rencontre, en tant que point focal national de la Coalition pour la Protection du Patrimoine Génétique Africain (COPAGEN)[7], qui est membre de l’AFSA. A la fin de cette conférence les participant-e-s se sont joint(e)s à ceux et celles de la 4e Conférence Africaine sur l’Agriculture Biologique pour …
[1] https://foodsystems.afsafrica.org/?lang=fr
[3] http://eoai-africa.org/fr/
[6] https://afsafrica.org/fr/hold-the-date-african-food-systems-conference-in-cameroon-3-5-november-2018/
[7] http://www.endapronat.org/copagen-2/