Historique du World Soil Day
La Journée mondiale des sols (WSD) se tient chaque année le 5 décembre afin d’attirer l’attention sur l’importance d’un sol en bonne santé et préconiser la gestion durable des ressources en sol. Recommandée par l’Union internationale des sciences du sol (IUSS) en 2002, la FAO a soutenu l’instauration du WSD en tant que plate-forme mondiale de sensibilisation. Et finalement, en décembre 2013, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté officiellement le 5 décembre 2014 comme la toute première journée mondiale des sols[1].
Une forte dégradation des sols au Sénégal
Depuis plus de trois décennies, on assiste au Sénégal à une dégradation continue de la terre avec pour conséquence un effondrement continu des performances de l’agriculture. En effet, le véritable mal de l’agriculture sénégalaise reste principalement la perte prononcée de la fertilité des sols. Ainsi, des études réalisées par le CILSS en Novembre 2010 indiquent que sur les 3 805 000 ha de terres arables dont dispose le pays, 2 400 000 ha sont fortement dégradés (soit 63%). Cette perte de fertilité des sols est due principalement aux effets conjugués de facteurs tels que l’utilisation d’engrais chimiques, la pratique de cultures sur brûlis, le déboisement massif, la surcharge de bétail mais surtout la baisse et l’instabilité des pluies en partie consécutive au recul des boisements naturels (20 000 ha de forêts perdues par an).[2]
En 2015, le Gouvernement du Sénégal a adopté la Stratégie Nationale de Développement Durable (SNDD) et le Cadre National d’Investissement Stratégique pour la Gestion Durable des Terres (CNIS/GDT), en vue d’inverser durablement, d’ici 2026, la tendance à la dégradation des terres dans tous les écosystèmes pour une productivité durable. Cependant, en dépit des efforts consentis, force est de constater qu’il reste encore beaucoup à faire pour restaurer la fertilité des sols.
Comment restaurer la fertilité des sols ?
Depuis plus de 30 ans, Enda Pronat expérimente avec des organisations paysannes partenaires des pratiques agro écologiques comme alternative à une agriculture productiviste basée sur l’utilisation d’intrants de synthèse et la monoculture, en partie responsables de la dégradation des sols et de l’environnement. Parmi les pratiques agroécologiques expérimentées qui contribuent à la restauration des sols, nous pouvons citer :
- La mobilisation de matières organiques
- valorisation des déchets organiques ménagers,
- valorisation des déchets agricoles,
- valorisation du fumier des foirails ou des transhumants,
- utilisation de bio-fertilisants prêts à l’emploi,
- parcage du bétail au niveau des champs.
- Le développement de la culture de plantes fourragères, pour compléter l’offre de fourrage, maintenir plus longtemps les animaux dans la zone, et faciliter leur parcage au niveau des parcelles pour enrichir les sols avec leur fumier ;
- La Régénération Naturelle Assistée au niveau des parcelles agricoles, avec des espèces comme Faidherbia albida (kaad), Piliostigma reticulatum (guiguiss), Guieria senegalense (nger), Leucena (dans les vergers) ou encore Annageisus leocarpa (ngediane) ;
- La lutte anti-érosive associée à la plantation de vetiver par exemple, pour fixer les sols ;
Exemples concrets expérimentés par les paysan-ne-s accompagné-e-s par Enda Pronat
Photo 1 : Lutte anti érosive – Sortie pédagogique avec les élèves de la Licence en agriculture écologique et biologique de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar[3], observation des ouvrages de lutte anti érosive au village de Landou (commune de Keur Moussa, département et région de Thiès). On peut voir ici un pont filtrant qui a presque complètement permis l’obstruction d’un ravin.
Photo 2 : Epandage de fumier de vache semi composté au niveau du jardin du GPF de Guédé Village (département de Podor, région de Saint Louis).
Photo 3 : Zone de régénération naturelle assistée protégée, commune de Diouroup (département et région de Fatick).
Photo 4 : Femme marquant un arbre pour signaler le fait qu’il est en RNA et qu’il ne faut pas le couper (département et région de Fatick).
Photo 5 : Montage avec 2 photos de parcelle de mil. Sur celle de gauche, aucune matière organique n’a été amenée, le mil est jauni et peu dense. Sur celle de droite, le producteur a écouté les conseils des techniciens d’Enda Pronat et a amendé sa parcelle en matière organique, le mil y est beaucoup plus vert et dense. Commune de Diouroup (département et région de Fatick).
Photo 6 : Champ de mil d’Ousmane Ba à Paniath (commune de Koussanar, département et région de Tambacounda) où le bétail est régulièrement parqué. La taille des épis fait le double de celle des champs non fertilisés. Certains producteurs qui n’ont pas de vaches ont commencé à ramasser le fumier des transhumants. Nous les encourageons à poursuivre leurs efforts.
Photo 7 : Comparaison de plants d’arachide produits avec et sans biofertilisants à Fass Thidy (commune de Koussanar, département et région de Tambacounda). A gauche, un plant de la parcelle témoin et à droite un plant de la parcelle avec les biofertilisants : on constate que les plants dans la parcelle témoin semblent contenir moins de gousses que ceux de la parcelle qui a été fertilisée.
Vous pouvez trouver plus d’exemples d’initiatives de fertilisation des sols et autres pratiques agroécologiques, développées par Enda Pronat mais aussi par d’autres acteurs nationaux de l’agroécologie, sur ce recueil de fiches de capitalisation produit de 2015 à 2017 par Enda Pronat : http://www.endapronat.org/annuaire-professionnel/1287/capitalisation-de-bonnes-pratiques-agro-ecologiques/
[1] http://www.fao.org/world-soil-day/about-wsd/fr/
[2] Analyse Intégrée du Contexte, PAM Sénégal, 2017