Ouvrages Biologiques pour renforcer la lutte contre l’érosion hydrique des sols

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ENDA Pronat et la fédération Woobin accompagnent les populations de la commune Keur Moussa au Sénégal depuis une dizaine d’années, dans le développement d’une agriculture saine et durable, à travers des formations sur les techniques de productions agroécologiques, mais aussi des techniques de récupération des terres agricoles fortement dégradées et incultes, par la mise en place d’ouvrages de lutte anti-érosive et le reboisement.

La fédération paysanne Woobin est née en 2007, avec l’appui d’Enda Pronat, à partir de Comités Villageois de Développement des 36 villages de la Communauté Rurale de Keur Moussa (Région de Thiès) pour promouvoir une Agriculture Saine et Durable et notamment régénérer les ressources naturelles (sols, eau, végétation) de leur terroir. Depuis lors, Enda Pronat et Woobin mettent en œuvre un programme de renforcement de capacités des communautés de la zone afin de contribuer à l’atteinte de leur sécurité alimentaire et nutritionnelle. Cet accompagnement est axé principalement sur l’appui à la production agroécologique et la lutte anti érosive accompagnée de reboisement.

En effet, alors que le Centre et le Nord de la commune où l’eau d’irrigation est accessible, sont caractérisés par l’arboriculture et le maraichage principalement, les premiers diagnostics menés par les populations ont montré que la zone Sud, où les nappes d’eaux sont profondes, est soumise à une forte érosion hydrique qui emporte toutes les couches fertiles des terres et menace les villages.

Des formations et appui techniques et matériels sont fournis aux populations pour mettre en place des ouvrages antiérosifs mécaniques tels que des diguettes, fascines, demi-lunes, ponts filtrants et d’autres ouvrages.

De 2007 à 2017, ces actions ont contribué à la réduction du ruissellement, au retour de la végétation et à la récupération de 114,47 ha de terres dégradées dans sept villages. En 2015, une étude commanditée au cabinet GEODEF a montré dans son plan d’aménagement global des ouvrages de LAE qu’il ne suffisait pas seulement des ouvrages mécaniques pour lutter contre l’érosion mais aussi des ouvrages biologiques pour renforcer ces derniers.

Or, en parallèle de la mise en place des ouvrages, des comités observatoires composés des membres des villages qui interviennent dans les activités de lutte anti érosive (LAE), avaient été mis en place pour assurer le suivi des impacts de la LAE. Ces comités ont donc été formés par l’agent du Service des Eaux et Forêts de Pout sur les techniques de pépinières forestières. De 2014 à 2016, les membres des comités ont ainsi reboisé 28 675 plants d’acacia mellifera et acacia senegal, choisis par les comités pour leur résistance au stress hydrique. Ces arbres ont permis de contribuer à la préservation des sols mais aussi de sécuriser les exploitations agricoles des producteurs dans les villages.

Plus de 200 ouvrages antiérosifs ont été réalisés de 2007 à 2017, et plus de 80 supplémentaires de 2017 à nos jours. En 2019, les comités ont décidé de mettre en place 29 877 plants (d’acacia mellifera, acacia senegal, acacia nilotica, anacardier, moringa oleifera, prosopis juliflora, leuceana leucocephala).

Les populations ont pu constater elles-mêmes que les plants reboisés ont une action protectrice contre le vent et la pluie. La présence de racines abondantes dans le sol permet de fixer et de retenir les parties désagrégées de la roche, et donc de limiter considérablement l’érosion mécanique des sols. Les arbres permettent aussi qu’une partie de l’eau de pluie s’infiltre directement dans le sol pour alimenter les nappes phréatiques, mais aussi la production de litière pour la fertilité des sols. Grâce au phénomène de l’évapotranspiration, les arbres contribuent enfin à transférer de l’eau vers l’atmosphère, et participent ainsi pleinement au cycle de l’eau. Outre ces éléments positifs, l’aménagement des haies vives au niveau des exploitations agricoles réduit également les risques de conflits entre éleveurs et agriculteurs dans la zone, limitant les risques d’intrusion des troupeaux dans les champs.