Depuis 40 ans, l’action d’enda pronat s’est illustrée au niveau local, à travers des expérimentations menées avec des op dans quatre des zones agroécologiques du sénégal les plus affectées par l’utilisation des produits agrochimiques (niayes, bassin arachider, vallée du fleuve sénégal et sénégal oriental).


L’adoption de comportement agro écologiques par les producteurs/trices ; l’émergence d’op fortes ; le développement d’un leadership féminin (réseau national des femmes rurales) ; l’émergence de réseaux nationaux (aspsp, fenab, crafs,…) et sous régionaux (copagen, cglte, 3ao) et leur mobilisation pour la sécurisation des ressources naturelles, et du foncier en particulier, sont les changements les plus significatifs qui marquent l’intervention de enda pronat dans ses différents lieux sociaux.


L’expérimentation d’outils de recherche-action-formation et de gouvernance locale et durable des ressources naturelles suivant les principes de champ école paysan et l’approche village ont favorisé l’apprentissage en groupe multi-acteurs (élu-e-s, enseignant-e-s, services techniques, etc.), la diffusion des résultats des expérimentations et l’adoption de pratiques agroécologiques à l’échelle des exploitations familiales et des territoires. Ce processus prend de plus en plus forme dans 10 communes ciblées à travers la mise en place de cadres de concertations multi-acteurs, de conventions locales ou de plans de gestion écologique des terroirs. Il a mobilisé jusqu’en 2019 plus de 80 villages, constituant ainsi, une première étape de mise à l’échelle de la transition agroécologique. 


Parmi les résultats phares récents, on peut citer l’engagement des autorités locales dans les communautés partenaires de enda pronat et l’émergence d’un réseau d’une trentaine de communes et villes vertes du Sénégal (REVES) qui a pour objectif de contribuer au développement de politiques territoriales fondées sur les principes de l’agroécologie surtout en terme de bonne gouvernance des ressources naturelles.


Enda pronat et les autres partenaires ont poursuivi le processus en cherchant à tisser des liens avec des instituts de recherche, universités et centres de formation dans le but de coordonner leurs efforts, d’élaborer conjointement des stratégies d’action, et co-concevoir de nouvelles méthodes de travail sur la base des expériences pour faciliter la mise à l’échelle d’une transition agroécologique au Sénégal.


Les résultats de ces expérimentations alimentent le plaidoyer à travers des réseaux au niveau national et international pour la sécurisation des ressources naturelles et l’intégration de l’agroécologie dans les politiques et stratégies de développement agricole.  


Le plaidoyer envers l’Etat s’est muée progressivement en un véritable dialogue politique, surtout depuis 2008, avec l’organisation conjointe d’ateliers de bilans et de réflexions qui avaient abouti à la mise en œuvre partielle d’un programme et d’une ligne budgétaire dédiée à l’agroécologie au niveau du ministère de l’agriculture et de l’equipement rural (maer). Mais suite à des remaniements ministériels, ce dialogue politique a été rompu.


Il a été ré-instauré par la suite avec la participation d’enda pronat à divers espaces de dialogue national sur le foncier comme la plate forme de gouvernance foncière et sur l’agriculture à travers le groupe de dialogue social et politique (gdsp). La co-organisation des journées de agroécologie en 2016 avec le MAER, puis en 2018 a permis d’enregistrer un certain nombre d’avancées :

  • La capacité de l’agroécologie à répondre aux défis de la souveraineté alimentaire et de la promotion de moyens d’existence résilients a été reconnue publiquement par les autorités politiques ;
  • Le sénégal a été choisi comme l’un de 4 pays pilotes au niveau mondial dans le cadre du programme « scaling-up agroecology » de la fao[1] ;
  • La transition agroécologique constitue le 4ième axe du président de la république, macky sall, dans son programme politique (à revoir)


Ce contexte favorable constitue une opportunité inédite pour une véritable mise à l’échelle de la transition agroécologique et lui donne le caractère d’un projet sociétal, mais cela nécessite une organisation et un travail méthodique que seule une démarche intersectorielle et un engagement de l’ensemble des acteurs à travers un partenariat solide peuvent impulser.


C’est dans ce sens qu’enda pronat a initié la mise en place, en mai 2019, de la dynamique sur la transition agroécologique au sénégal (DyTAES) qui est composée de faitières paysannes, du reves, d’ong et d’institution de recherche locales et internationales et de privés engagés dans la TAE.


Ensemble, ils ont co-construit un document de contribution aux politiques nationales sur la tae à travers des consultations dans les 6 zones éco-géographiques du sénégal. Ce document a été remis au chef de l’etat du sénégal lors des journées de l’agroécologie de 2020. Le dialogue politique national a commencé à porter ses premiers fruits avec la nomination par le maer d’un point focal sur la tae et l’attribution d’une subvention annuelle d’environ un milliard de francs cfa pour les engrais organiques.


Au niveau des territoires, la DyTAES accompagne la création de cadres locaux appelés dynamiques pour une transition agroecologique locale (DyTAEL). Comme la DyTAES, elles rassemblent une diversité d’acteurs engagés à l’échelle départementale ou interdépartementale afin de créer des synergies, partager des connaissances, mutualiser les moyens et les réflexions, visibiliser les résultats de terrain, porter et alimenter le dialogue politique au niveau local et national pour accompagner l’opérationnalisation de l’option de la territorialisation des politiques publiques de développement.


[1] Http://www.fao.org/3/i9049en/i9049en.pdf